"Parcours Croisés" - Suite - Chapitre 34

Parcours croisés – Vendredi
Chapitre 34
Martina

Je me suis assoupie sur un lit piscine à l’ombre sur la pelouse. J’avais envie d’aller retrouver Annie et Véro, mais le sommeil m’a gagné. Alain est venu me montrer les pages d’offres de voyages qu’il a sélectionnées sur internet :
- Fatiguée, chérie ?
- Non … pas vraiment … ça va toi ?
- Moi par contre, je ferais bien une sieste !
- Je vais te laisser la place ; il fait bon, à l’ombre …
- Tiens, jette un œil ; j’en ai choisi trois qui seraient dans nos dates et dans nos prix : en Grèce, en Crète et Djerba … Tes dates de vacances ne changeront pas, c’est sûr ?
- Non, je me suis mise d’accord avec Bertrand … c’est bon … pourquoi ?
- Faudrait réserver assez vite … déjà pour être sûr d’avoir de la place, et pour les prix ! Si on attend le dernier moment, on paiera peut-être moins cher, mais on n’aura pas ment le choix !
- D’acc, je regarderai, je te laisse la place … je vais aller voir ce que font les filles … il est quelle heure ?
- 4h10 … me laisse pas trop dormir … une petite heure, pas plus !
Un petit baiser, et je suis partie chez Annie. Je me suis piqué un pied en posant mon pied nu de l’autre côté du muret sur un caillou trop coupant : moi aussi, me promener pieds nus …
- Coucou ! je suis là !
- Nous aussi ! on est là !
… la voix de Véro, venant du couloir qui mène aux chambres ; malin, comme réponse ! je le sais bien que vous êtes là … la chambre d’Annie … Véro nue, sa robe en chiffon au pied du lit, allongée contre Annie assise adossée à la tête de lit, avec son caraco en lamé et les fesses à l’air, un bras sur les épaules de Véro … charmant tableau dans la pénombre de la chambre …
- Vous m’avez abandonnée et je me suis endormie …
Annie m’a tendue la main ; j’ai fait le tour du lit pour m’allonger contre elle, au creux du bras qui m’attendait :
- Il fait bon, chez toi … à la maison, le salon, c’est une horreur … et j’arrive pas à faire de courant d’air … j’étais dehors …
- T’as plus ton collier ?
- Il me faisait mal, à force … t’avais beaucoup serré sur les tétons …
- J’ai fait exprès ! je suis jalouse de tes seins ; je voulais te punir !
- T’as pas de quoi être jalouse ; bientôt les miens vont tomber … et c’est moi qui serait jalouse !
- Faudra les masser beaucoup, ça les tonifie !
- Tu m’aideras ?
- Je demanderai la permission à Alain, quand même !
- Je lui en parlerai, t’inquiète pas … il voudra !
- Ça marche !
- Tu t’occuperas des miens aussi ?
- Mais oui, Véro, je te masserai aussi !
- Moi ils s’écrasent déjà un peu, y a que pendant mes règles qu’ils se tiennent bien, un peu avant ! juste au moment où je peux pas en profiter !
On est restées un long moment sans bouger, sans parler.

Annie avait fermé les yeux, une main sur mon épaule ; de l’autre, elle entortillait une mèche de cheveux de Véro autour d’un doigt … je crois que Véro a dormi un peu, bouche entrouverte, souffle profond ; j’ai parlé doucement pour ne pas la réveiller :
- Tu vas t’en sortir, Annie ?
- Ne t’inquiète donc pas, je te l’ai dit ! tout va bien …
- Tu disais que t’allais chercher du boulot …
- Pour m’occuper, Tina, pas pour le fric si c’est ça qui t’inquiète. En même temps, je veux pas un truc trop prenant, rester un peu libre .
- T’es pleine aux as à ce point-là ?
- … dans le village, y avait deux gros fermiers, toutes les terres autour étaient à eux deux … un, c’était mon grand-père, l’autre devait être celui qui a tout laissé à Jérémy, sûrement son grand-père aussi … je me souviens que gamine, j’allais chez eux chercher du lait, pendant les vacances … j’ai reconnu hier soir ! mais ça a vachement changé ; il a fait un sacré travail, là-bas ! Ma mère a hérité de tout, et puis moi après, de tout, quand elle est morte, y a … huit ans, presque neuf. J’ai vendu les terres et la ferme, les hangars, les machines, les tracteurs, tout ! J’ai juste gardé cette maison et les maisons en ville … tu vois la coiffeuse ? de là jusqu’à la pharmacie, c’est à moi, c’est loué …
- C’est un concurrent à nous qui s’en occupe, non ? je croyais que c’étaient eux qui avaient lotis !
- C’est eux … pour mon compte ! y a 9 appartements en tout … et puis j’ai encore les 3 maisons après la poste, à droite. Rien qu’avec les loyers, je vis à l’aise ! et puis il y a les revenus de ce que j’ai vendu, j’ai tout placé … Et le lotissement à l’entrée du village, c’est à moi aussi !
- Les pavillons qui se construisent ?
- Ouais …
- La vache ! Et moi qui m’inquiétais …
- D’ailleurs, t’es du métier, toi, faudra qu’on en parle un de ces jours … le contrat de gérance de biens s’arrête en décembre !
- Si je ramenais une affaire comme ça à mon patron … il sauterait au plafond !
- Ben … dans ma petite tête, je pensais même que t’étais pas obligée de lui en parler …
- …
- Rien que la gérance de tout ça … et puis j’ai encore des terrains constructibles …
- Comment ça , pas en parler …
- Ça pourrait t’intéresser … pour toi … je dis une bêtise ?
- … doucement Annie, doucement … tu vas un peu vite … mais on en reparlera … déjà laisse-moi digérer … je savais pas que t’étais le Crésus du village …
- … et moi je savais même pas que t’étais dans l’immobilier, c’est Christophe qui me l’a dit ! et puis je savais pas non plus que j’avais une si douce voisine, et qu’elle avait la peau si douce …
- … tu sais Annie, les affaires et les sentiments ça va pas ensemble …
- T’inquiète pas, je suis née les deux pieds dans la terre … je mélange rien du tout … et puis ça n’a rien à voir, entre sœurs, ça peut marcher …
Elle s’est penchée sur moi et on a échangé un long et doux baiser …
- Eh ! les filles ! je suis là ! m’oubliez pas ! et puis … je dormais pas vous savez … j’ai tout entendu … Tina, si tu réfléchis pas vite fait à ce qu’elle t’a dit, je te jure que je te fais enfermer ! je te passerai moi-même la camisole !
La main d’Annie à l’intérieur de ma cuisse, toute chaude, qui remontait …
- Toi non plus tu mets pas de culotte ? mais alors j’étais la seule à être complètement habillée aujourd’hui ?
Véro et moi ensemble :
- Fait trop chaud !
- Mais vous êtes pas comme ça souvent quand même ?
Véro a fait la moue :
- … pas très souvent …
… et moi je n’ai pas répondu ! pas souvent, non, mais ça m’arrive ! j’aime bien me sentir nue.
Il m’arrive même d’enlever mon string ou ma culotte en cours de journée, à l’occasion d’un passage par les toilettes, comme ça, pour mon plaisir, sans intention aucune vis-à-vis des gens que je dois rencontrer, pour moi … souvent lors des rendez-vous que j’avais avec Alain, avant qu’on ne soit ensemble, j’enlevais mes dessous … il ne pouvait pas savoir … mais moi je savais, et je me sentais bien, désirable … le jour où il m’a emmené chez lui pour la première fois, j’ai remis ma culotte dans les toilettes du bar où on avait passé l’après-midi …
Véro s’est assise dans le lit :
- Je vais partir bientôt, je dois être chez ma mère demain midi …
- Tu restes pas ?
- Je devais y aller aujourd’hui … je lui ai téléphoné hier soir avant de partir à la piscine, mais là je peux plus reculer !
- Elle habite où ?
- Rennes, six heures de route …
- C’est dommage, le week-end n’est pas fini …
- Au départ c’était juste un barbecue mercredi soir …
- T’avais quand même pris un rechange !
Véro a haussé les épaules en me faisant un clin d’œil :
- Toujours être prête ! mais j’avais pas prévu les morceaux d’ananas dans le punch …
Véro s’est levée pour renfiler sa robe ; Annie l’a aidée à fermer les deux boutons dans le dos et s’est rhabillée aussi. Elle a hésité en ramassant son petit shorty de satin et l’a finalement rejeté dans un coin de la chambre, restant nue sous son pantalon. Véro m’a regardée en riant :
- On lui donne le mauvais exemple !

J’ai réveillé Alain qui dormait à plat ventre sur le lit-piscine et j’ai essayé en vain d’effacer du doigt la marque rouge d’un pli du coussin sur sa joue. On a raccompagné tous les trois Véronique à sa voiture, agitant la main jusqu’à ce que sa voiture disparaisse dans le virage :
- Elle avait les yeux bien rouges …
Alain m’a serrée contre son épaule :
- Pas beaucoup plus que les tiens !
- Peut-être … pendant que vous étiez partis, j’ai préparé du thé glacé, ça vous dit ?
On l’a bu sur la terrasse ; Alain a ramené le lit piscine où il avait dormi et on s’est installés : Alain et Annie affalés sur un lit chacun … il ne m’est resté qu’un coin de table basse :
- Ça va ? vous êtes bien installés ? Au fait Alain, tu devineras jamais … tu es assis à côté du plus beau parti de la région … je te laisse lui raconter, Annie, moi je vais me changer … j’avais mis ça pour faire joli avec le collier, mais j’ai trop chaud ! raconte-lui ! quand c’est moi, j’en rajoute toujours et il ne me croit qu’à moitié …
Je me suis déshabillée dans la salle de bains et j’ai pris une douche, juste mouillée … Véro avait abandonné le Rosebud d’Annie au bord de la baignoire … plus petit que celui qu’elle m’avait prêté et qui était sur ma table de nuit … un peu de savon à douche … oui, moins gros, plus agréable … je ne me suis pas séchée, et suis partie les rejoindre, paréo jeté sur l’épaule.
Annie parlait, Alain écarquillait les yeux, ils m’ont souri en m’invitant tous les deux à les rejoindre sur leur transat et j’ai choisi la table, entre eux. Annie parlait :
- … si j’ai bien compris, t’es prof de gestion, tu pourras l’aider à se décider, je vous donnerais tous les éléments que vous souhaitez, et puis on a le temps …
- T’es pleine de surprises, toi … et nous qui nous inquiétions !
Annie s’est levée :
- Je peux me changer aussi ? je t’emprunte un paréo, j’ai dû laisser celui que tu m’as prêté dans ta salle de bain …
- Je les ai mis au lave-linge … mais vas-y, je t’amène quelque chose ! Passe sous la douche, ça fait du bien, j’arrive …
Je me suis levée pour la suivre et Alain a tendu la main pour attr le paréo sur mon épaule :
- T’es très belle sans ce chiffon, je le garde !
… et en me donnant une claque sur les fesses :
- Allez, vas, et revenez vite !
Annie était sous la douche et je me suis assise au bord de la baignoire :
- Véro avait laissé ton truc au bord de la baignoire … le cherche pas, je l’ai mis au chaud !
- Tu deviens accro ?
- C’est pour l’essayer. Je préfère celui-ci, il est … moins envahissant !
- Tu me prêtes un paréo ?
- T’y tiens vraiment ? Tiens-moi compagnie … même tenue !
Elle a pris ses poils pubiens à pleine main :
- Pas tout à fait … tu crois que je pourrais les couper ? comme toi ?
- T’en as envie ? moi je t’aime bien … je te trouve excitante … comme ça !
- Je sais pas, pour essayer, et puis ça repousse !
- C’est vrai aussi … on demandera à Alain ?
- Qu’est-ce que vous voulez me demander ? je passe sous l’eau moi aussi …
- Comment tu la préfèrerais ? telle quelle ou épilée comme moi ?
- Et c’est moi qui décide ?
Annie s’est mise face à Alain et a pris des poses : bras levés derrière la tête, exposée, puis une main sur le ventre, essayant de cacher tous ses poils sous sa main :
- Alors ?
- Attends un peu … je t’aime bien comme ça … tu feras plus tard !
On l’a laissé prendre sa douche, mais j’ai entrouvert la porte en partant :
- Pas de folie sous la douche … ménage-toi !
On s’est assises sur le même transat, laissant le second libre pour Alain ; Annie s’est assise en tailleur devant mes jambes relevées :
- J’aurais bien aimé qu’Alain dise oui … j’aimerais changer ça aussi, pour voir !
- Mais cette fois, pas question de faire à la sauvage avec ton rasoir ! je te soignerais, bien sûr, mais il vaut mieux éviter, non ?
- Avec de la cire ?
- Tu me laisseras te le faire ?
- Ouaip …
- Fais confiance, alors, je ferai ça bien …
Alain nous a rejoint, lui aussi encore couvert de gouttelettes d’eau qu’il n’avait pas essuyées pour profiter d’un peu de fraîcheur, sa serviette enroulée autour de la taille, et s’est assis dans le dos d’Annie en enjambant le transat :
- Chéri ! attention ! à deux on en a cassé un ! alors à trois …
- J’ai pris les plus solides, ça devrait aller …
J’ai allongée mes jambes, emprisonnant Annie entre nous deux :
- T’es prisonnière ! on te garde ici …
Alain, plaqué dans le dos d’Annie, les deux bras autour de ses épaules, caressait mes genoux du bout de l’index, dessinant de petits ronds en remontant vers mes cuisses ; ses yeux au-dessus de la tête d’Annie me souriaient :
- On a le temps ce soir … Jérémy s’est décommandé.
Il ne viendra pas …
Ça m’arrangeait ; j’avais pas envie de cuisiner ce soir. Annie a haussé doucement une épaule, en pinçant les lèvres … l’œil coquin … ça ne la dérangeait pas plus que moi, apparemment … ses deux mains ont rejoint les mains d’Alain, dessinant sur mes cuisses les mêmes petits ronds légers, progressant jusqu’aux plis de l’aine et reculant, vers ses mains à lui, organisant une petite bataille d’épées, index tendus, riant en se mordant la lèvre inférieure, tournant la tête pour embrasser sa joue au-dessus de son épaule, ses doigts pointés remontant les cuisses, contournant le ventre pour me chatouiller autour de la taille, venant fouiller mon nombril, dessinant l’arrondi de mon ventre, contournant le pubis, et revenant vers mes genoux, remontant dans son dos sur les bras d’Alain, ses mains à lui abandonnant mes genoux pour les genoux d’Annie, le bout de ses doigts effleurant à peine ses cuisses, sa taille, soulevant les bras d’Annie dont les mains se sont perdus dans ses cheveux, pendant qu’elle fermait les yeux, les seins pressés sous les grandes mains d’Alain puis abandonnés, les mains d’Annie retrouvant le chemin de mes cuisses, les doigts d’Alain se noyant dans la toison noire, et retrouvant mes genoux, encore et encore et encore … plus de gouttelettes de l’eau de la douche sur nos corps, la chaleur de la soirée les avait bues … Alain s’est écarté pour verser dans nos verres le reste de thé du pichet encore couvert de buée. Annie s’est relevée pour s’étirer comme une chatte, bras tendus très haut et corps arqué, taille cambrée, sur la pointe des pieds, peau uniformément ocre doré … Alain a ramassé nos trois verres d’une main, le pichet de l’autre ; avant qu’il ne parte vers la cuisine, elle l’a penché vers elle d’une main derrière son cou pour embrasser ses lèvres, lui arrachant de l’autre la serviette nouée sur sa taille, et éclatant de rire en le poussant dans le dos vers la maison … et se penchant vers moi, me tenant le visage entre ses deux mains, elle m’a embrassée sur la bouche, effleurée les lèvres d’un bout de langue au goût de thé … bras tendu, elle m’a aidée à me relever et m’a pris par la taille pour m’entraîner à la suite d’Alain.
J’ai préparé une grande salade pendant qu’Alain décongelait quelques chipolatas à griller sur le barbecue. Annie était accoudée sur la table de cuisine le menton soutenu par ses deux mains jointes. Il nous était déjà arrivé à Alain et moi de rester nus à la maison, mais ni très longtemps ni très souvent. La semaine passée était la première vraie semaine de grand beau temps se prêtant à cette absence de vêtements, bien sûr, mais c’était plus compliqué que la seule chaleur des journées. Hier, avant de partir chez Jérémy et à la piscine, nous étions tous un peu dans la provocation, nus pour nous montrer, pour exciter, par défi, exprimer clairement une accessibilité sexuelle. Ce soir, pour moi en tout cas, c’était différent, porteur d’un autre sens, je me sentais bien, je ne cachais rien, et je n’avais aucune arrière pensée ; bien sûr il y avait des gestes, des regards … mais ça me semblait tellement naturel, comme allant de soi. J’avais aimé sur la terrasse la tendresse des caresses ; j’avais aimé que ces caresses ne nous conduisent pas plus loin ; on était ensemble, on avait tout notre temps … les instants de désir pur, de sexe à assouvir, étaient dépassés, et c’est ça qui me plaisait tant, et nous étions en phase tous les trois. Alain avait été attiré par Annie, comme moi, et je sentais que nous étions au-delà de ce moment de désir simple. J’étais un peu surprise de découvrir qu’Alain lui aussi montre un tel naturel ; j’aurais compris qu’il en reste à l’aspect purement sexuel de la situation, après tout, deux jolies femmes accessibles à ses désirs, c’est le fantasme avoué de la plupart des hommes, et c’est ce que nous lui offrions ; il était tel qu’au quotidien avec moi, attentionné et tendre. Plus que le désir, l’amitié évidente, je voyais chez lui les mêmes signes que je percevais chez moi … Annie prenait une toute autre importance pour nous deux. Est-ce qu’elle s’en rendait compte, seulement ? Je crois que nos jeux, nos provocations, servaient à masquer nos sentiments naissants les uns pour les autres.
Nous avons mangé sur la terrasse. Annie découpait les petits pains que j’avais décongelés et les tartinait de moutarde avant qu’Alain n’y dépose les saucisses toutes chaudes. Pas de vin ce soir. J’avais proposé mais tous les deux avaient décliné, préférant l’eau que j’avais rafraîchi au frigo avec un rondelle de citron vert. Annie a feuilleté les trois feuillets qu’Alain avait imprimé pour notre projet de vacances :
- Vous avez choisi, ou pas encore ?
- Ni choisi, ni réservé … je les ai édités cet après-midi …
Alain me regardait sans rien ajouter. Hors de question de le dire à haute voix, mais … et Alain à dû lire dans mes yeux et son visage s’est ouvert d’un grand sourire, m’a encore interrogé des sourcils, pour être sûr … et se tournant vers Annie :
- Lequel tu choisirais, toi ? … autant choisir ensemble …
Annie a gardé les yeux baissés sur les feuillets qui tremblaient dans ses mains. Elle a enlevé ses lunettes et a quitté la table précipitamment en se frottant le visage de la main.
Alain a tendu la main par-dessus la table pour prendre la mienne :
- Si on voulait savoir si elle ressent la même chose que nous … je crois qu’on est fixés … je sais pas où on va avec elle Tina …
- … moi non plus …
Alain s’est levé, a fait le tour de la table, m’a embrassé :
- Laisse-moi aller la chercher …
Ils sont revenus cinq grosses minutes plus tard en se tenant par la main. Les yeux d’Annie étaient gonflés et rouges. Les yeux d’Alain étaient humides aussi …
Un long moment, personne ne parlait . Quelques regards vite échangés, quelques sourires rapides, Alain picorait dans sa salade, Annie écrasait du doigt des miettes de pain, je dessinais au fond de mon assiette. Annie a empilé les assiettes et regroupé les couverts. J’ai pris le saladier et le plat des saucisses. Alain a vidé le reste de nos verres dans la pelouse, pris le pichet vide. Chacun notre tour nous avons tout rangé dans le lave-vaisselle. Aucun mot. Il était 10h30. Alain a quitté la cuisine. Annie est allée à la salle de bains. J’attendais dans le couloir pour prendre sa place quand elle en est sortie.
Je me suis assise en glissant mes pieds sous l’oreiller. Alain adossé à la tête du lit a posé une main sur mes jambes. Annie s’est agenouillée dans mon dos en arrangeant mes mèches rebelles.
Ses mains descendent, froissent une oreille au passage et enserrent mon cou . Dressée sur ses genoux elle balance son bassin de droite à gauche ; les fins poils noirs qui effleurent mon dos font courir des frissons sur ma peau. L’index sur mes lèvres palpe et écrase, se glisse dans ma bouche, agace ma langue de l’ongle, se mouille de ma salive, étalée à la frontière de l’aréole qui se tend de points grenus, ses ongles légers puis plantés autour de l’aréole qui griffent en se refermant, profonds dans la chair, serrés sur le téton martyrisé. L’autre main, aussi douce que l’autre est dure, enveloppe le sein par-dessous, soulève, caresse, les lèvres d’Alain qui suce et aspire l’autre téton, et mordent quand sa main entre mes jambes pincent, très fort, la lèvre autour du brillant qui la traverse. Elle me bascule en arrière sur le lit. Il écarte mes jambes. Elle enfourche mon visage ouvrant son sexe à deux mains et l’appuie sur ma bouche, mon nez, me noyant de son odeur saline. Il fouille mon vagin d’un doigt entré profond qui tourne et m’étire, son autre main à plat sur mon ventre au dessus du pubis m’effleure. Et ensemble ils m’abandonnent … Annie qui m’embrasse, langue douce sur ma langue, main sur ma joue et Alain qui glisse son sexe d’un seul mouvement lent tout au fond de mon ventre, sans à-coup, jusqu’à ce que je sente contre mes fesses une douce chaleur caressante. Il s’allonge sur moi et Annie lui donne ma bouche, sa main entre les jambes d’Alain, soulève, un doigt se glisse sur les chairs étirées et m’ouvre encore en rejoignant le sexe d’Alain entre mes lèvres, massant sa queue du doigt à l’intérieur même de mon vagin jamais encore autant ouvert que par cette double et folle intrusion. Il ne bouge pas, se soulève simplement plus haut, lui laissant plus de place pour m’envahir de la longueur de son doigt qui va-et-vient, encore et encore … et je plante mes ongles dans les épaules d’Alain, abdos et ventre contractés pour me redresser en luttant contre son torse qui me plaque au lit … et je jouis en martelant de mes talons les fesses contractées d’Alain qui se refuse à bouger. Je crie dans son cou et donne des coups de reins et frappe dans son dos de mes poings serrés, Annie n’arrête son va-et-vient qu’après que tous mes muscles se relâchent, me laissant épuisée et molle sous le poids d’Alain qui boit au coin de mes yeux.

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